18.5.23

Melissa Mollen Dupuis : « regarder la même chose, mais avec des yeux différents »


 

« Les approches, les savoirs ancestraux, les pratiques environnementales autochtones sont de plus en plus reconnus comme des pistes de solution devant cet effondrement dû à l’excessivité humaine à consommer les ressources. » Melissa Mollen-Dupuis

 

Une personne dont l’imaginaire puise dans la tradition pour mieux regarder vers l’avant est Melissa Mollen-Dupuis.

 

Melissa Mollen-Dupuis est membre de la communauté innue d’Ekuanitshit (Mingan) au Québec. Elle est fondatrice du volet québécois du mouvement Idle No More, réalisatrice et animatrice radio. De plus, elle travaille actuellement chez la Fondation David Suzuki en tant que gestionnaire des campagnes pour la protection des forêts.

 

L’une des très grandes forces de Melissa Mollen-Dupuis est sa façon de dire des choses qui paraissent simples mais qui sont en fait des moteurs de transformation radicale.

 

Par exemple, dans une chronique radio de quelques minutes chez Radio-Canada, Melissa Mollen-Dupuis distingue les visions fondatrices des colonisateurs, d’une part, et des autochtones, de l’autre :

 

« Deux idéologies basées dans les mythes de la création…le premier mythe de création c’est le mythe qui vient de la Bible. C’est ‘et dieu créa la terre’…il dit aux hommes répandez-vous, mangez les poissons, buvez l’eau. La terre vous appartient.

 

Le deuxième mythe, c’est le mythe qui est fondateur pour nous [autochtones]…À la base c’est que les peuples autochtones en Amérique du Nord, nous avons été mis sur la terre. La terre existait déjà et nous sommes tombés, ou nous avons été placés, sur la terre et nous lui appartenons à la terre…nous sommes les enfants de cette terre parce que nous nous nourrissons d’elle. »

 

Le premier mythe a propulsé le colonialisme et le capitalisme pendant des siècles, avec les résultats que nous connaissons. Le deuxième est multi-millénaire et est celui qui nous aidera à vaincre les crises multiples causées par le colonialisme et la capitalisme.

 

Imaginons-nous comme appartenant à la terre, comme faisant partie d’elle. Refusons une vision extractiviste, dominatrice, et voyons où cela nous mène.

 

D’ailleurs, plus tard dans la chronique, Melissa Mollen-Dupuis parle des effets ravageurs de la doctrine de terra nullius propagée par l’église depuis le 15ème siècle. Mais cette année, le pape a renoncé à cette doctrine fondatrice, ouvrant la voie à une nouvelle vision des relations colonisateurs-autochtones partout au monde.

 

Si l’approche de Melissa Mollen-Dupuis vous intéresse, écoutez ce qu’elle a à dire au sujet du Wendigo, monstre anthropophage, dévoreur de ses propres enfants, qui ressemble beaucoup à nos économies capitalistes.

 

Sa discussion au sujet d’une version autochtone du test Bechdel (sur lequel se fonde le Planet Test que nous utilisons sur ce blogue) est également très intéressane. Pour en savoir plus, écoutez un extrait de quinze minutes d’une autre émission radio animée par Melissa Mollen-Dupuis : Kuei ! Kwe ! sur les ondes de Radio-Canada.

 

 

Source image : Courage to Act