27.6.23

Pour contrecarrer le catastrophisme, Rebecca Solnit nous propose la surabondance

 


 

Vous connaissez peut-être déjà l’article de Rebecca Solnit publié dans le Washington Post le 15 mars 2023, intitulé « What if climate change meant not doom – but abundance ? »  (‘Et si le changement climatique voulait dire la surabondance plutôt que la malédiction ?’)

 

Rebecca Solnitauteure, historienne, militanteest devenue mondialement célèbre suite à la publication en 2014 de son livre-essai très drôle Men Explain Things To Me (Ces hommes qui m’expliquent la vie, en français) qui a inspiré le néologisme anglais mansplaining…qui nous a donné la ‘mecsplication’ en français.

 

 

Dans l’article du Washington Post (malheureusement pas accessible à tous), Solnit constate que nous avons accepté que toutes les solutions aux crises climatiques et de la biodiversité passent par la renonciation et la souffrance. Or, actuellement, nos vies deviennent de plus en plus appauvries à cause du système destructeur dans lequel nous vivons. (Vous ne trouvez pas ?)

 

Solnit développe les mêmes idées dans un entretien publié le 1er mars 2023 chez le magazine britannique en ligne The Alternative, et aussi dans un article publié chez le Guardian le 12 janvier.

 

Dans l’entretien chez The Alternative, Solnit dit :

 

« Je trouve que beaucoup de gens autour de moi sont très forts pour s’imaginer le pire, que tout ne va qu’en s’empirant ; la dystopie est leur force, ils ne savent pas être utopique. »

 

Solnit renchérit, en disant :

« Je crois aussi que toute l’histoire du climat, depuis l’époque d’Al Gore, a été racontée comme un récit de renonciation et, en fait, je travaille actuellement sur un article [à ce sujet].  

 

Qu’est ce qui se passe si on intervertit ce récit ? Pourquoi ne pas voir combien nos vies sont appauvries actuellement—nous manquons d’espoir, nous manquons de solidarité sociale, nous manquons de santé mentale et émotionnelle, nous manquons de confiance en l’avenir, nous manquons d’interconnexion sociale, nous manquons de connexion avec la nature.

Pourquoi ne pas imaginer la surabondance qui serait le résultat de faire bien les choses que nous avons mal faites, un monde dans lequel [près de] 9 millions de personnes ne meurent pas d’avoir respiré les émissions de combustibles fossiles, où l’asthme chez l’enfant n’est pas répandu dans les endroits où les combustibles fossiles sont raffinés, où l’industrie des énergies fossiles ne corrompt pas la politique mondiale. Et si la renonciation voulait dire renoncer au poison, à la corruption, à la privation, à l’incertitude, à un avenir désastreux, à une santé déplorable ? »

 

Solnit a raison. Voilà donc encore un effet néfaste de plus de la campagne multi-décennaire de l’industrie des énergies fossiles pour faire endosser aux citoyen.ne.s la responsabilité des émissions pharaoniques du système pétro-gazier : non seulement nous nous mourrons de brûler trop de CO2, mais nous mourrons en croyant que ce serait un appauvrissement de ne pas en brûler. 

 

Quoi faire ? Pour un début de réponse, lisez les essais de « Not Too Late » (dont nous parlerons dans un prochain billet), édité par Solnit et Thelma Young Lutunatabua

 

Bonne lecture !


 

 

Sources images : YouTube et  SketchNotes et Rebecca Solnit