31.7.23

Cinéma : Une femme en guerre (Islande, 2018)


 

Une femme en guerre, film sorti en 2018, est l’histoire d’une directrice musicale islandaise qui sabote systématiquement le réseau électrique de son pays. Halla, femme sympathique, citoyenne raisonnable, passe ses journées à faire ses courses à vélo, à diriger son chœur de chanteurs, à faire de la natation et à neutraliser des pylônes électriques avec son arbalète.

 

Le film prend la crise climatique d’assaut, sans détourner les yeux : Halla juge que le gouvernement islandais agit en criminel du fait qu’il continue à exploiter sans limites les ressources naturelles de son pays. Mais le réalisateur, Benedikt Erlingsson, encadre ce qui est à la fois un film d’action et une comédie dramatique dans une surréalité douce et des gags au sujet de la xénophobie qui rendent l’histoire accessible et touchant. On est avec Halla non seulement parce qu’elle lutte contre la fin du monde, mais aussi parce qu’elle est suivie partout par, entre autres, trois musiciens jouant de l’accordéon, du piano, du tuba de la trompette et de la batterie.

 

Une femme en guerre, qui finit à la fois bien et mal, dont la fin est aussi compliquée que la réalité à laquelle nous faisons face, reste quand-même un Nouveau Récit car il adhère bien aux trois critères du Planet Test.

 

D’abord, l’œuvre reconnaît que le monde naturel existe bien. Halla agit pour protéger le vivant. Mais le monde naturel existe aussi dans les petits gestes. Afin de se donner du courage alors qu’elle est pourchassée par un hélicoptère, Halla pose le visage directement dans une masse de mousse et respire profondément. Plus tard, lors d’une autre scène de poursuite, elle découvre le corps d’un bélier et l’utilise pour se fondre dans la nature dans tous les sens du terme.

 

Ensuite, dans Une femme en guerre, les membres du gouvernement et la société de production d’aluminium Rio Tinto sont responsables de la destruction du vivant. Ils sont aidés dans leur projet par les médias et la police. Le film dépeint tous ces gens-là très clairement comme des personnages négatifs.

 

Pour finir, Halla passe son temps à essayer de rendre le monde meilleur. Certains diraient qu’elle va trop loin. C’est d’ailleurs cette même question qui oppose très souvent les militant.e.s entre eux : jusqu’où peut-on, doit-on, aller pour protéger le vivant ?

 


En plus de réussir le Planet Test et de se qualifier comme Nouveau Récit, Une femme en guerre n’oublie pas de jeter un regard critique sur le statut de femme bourgeoise de Halla et sur tous les avantages dont elle bénéficie et dont d’autres ne bénéficient pas du tout.

 

Il reste une dernière raison d’aimer ce film, à part le fait que ce soit une histoire passionnante. C’est l’un des rares films où le personnage principal est une femme frôlant la cinquantaine qui est intelligente, courageuse et totalement prête à accepter la responsabilité de ses gestes. Une femme en guerre, oui. Mais, surtout une femme raisonnable qui protège le vivant de toutes ses forces.

 

Sources images : Cinoche.com